Réuni par Gilles Babinet et Les Echos, un comité d’experts a désigné les deux fleurons de la bancassurance et l’énergéticien comme champions de la transformation numérique. En mettant l’accent sur la culture digitale qu’ils ont su insuffler en interne.
Comment évaluer la maturité numérique d’une entreprise ? Si les fleurons de l’économie française sont constamment « benchmarkés » sur leurs performances économiques ou sociales, le digital, un levier pourtant incontournable de leur transformation, est mis de côté.
Pour la deuxième année
consécutive, la rédaction de Business Les Echos a tenté de cerner le niveau de
« digitalisation » du CAC 40 au travers d’une centaine de questions,
quantitatives et qualitatives, rédigées selon la méthodologie établie par Gilles
Babinet, digital champion représentant la France auprès de la Commission
européenne. Avec Equancy, EMC², Médiamétrie et Google for Work comme sponsors.
Par rapport à la première
édition, un critère a été ajouté à côté de la présence en ligne (sites web,
e-commerce…), du niveau de maîtrise technologique (cloud, big data…), de la
culture digitale et de l’ouverture sur l’écosystème numérique. Celui de la
sécurité et des dispositifs mise en place pour lutter contre le piratage et la
fuite des données sensibles.
Le critère de la culture
digitale a été aussi surpondéré. « Les
entreprises lauréates ont compris qu’elles devaient adopter une approche
transversale afin que le numérique soit adopté par tous », a souligné Gilles
Babinet, lundi 5 octobre, lors de la remise du prix eCAC40 aux trois premiers du
classement. Le palmarès intégral est à retrouver sur Les Echos.
Sur la base de ces critères,
les dossiers ont été passés en revue par un comité d’experts réunissant, entre
autres, des investisseurs - Jean Bourcereau (Ventech), Marie-Christine Levet (administratrice
notamment d’Iliad et BPI) – des fournisseurs IT - Alain Crozier (Microsoft),
Frédéric Groussolles (Google) – des syndicats professionnels et des think tanks
- Guillaume Buffet (Renaissance Numérique), Guy Mamou-Mani (Syntec Numérique).
Chez
Axa, les jeunes recrues initient les seniors
Crédit : Les Echos |
Au final, le tiercé de tête a
complément changé par rapport à l’an dernier. Schneider Electric, Publicis et
Vivendi ont laissé leurs places sur le podium à Axa, Engie et BNP Paribas. Sachant
que ni l’assureur ni le banquier ne figuraient dans le top 10 en 2014.
Axa qui investit 180 millions
d'euros sur 3 ans pour mener à bien sa transformation numérique en France sur
la période 2015-2018 a insisté sur ce volet social. Formations en face à face
ou e-learning, l’assureur multiplie les initiatives pour acculturer au digital
ses 11 000 collaborateurs français. Il a aussi initié ses agents généraux
et ses commerciaux à Facebook et LinkedIn, médias sociaux clés pour la
prospection et la fidélisation client.
Et comme ce sont les jeunes
actifs de la génération Y qui maîtrisent le mieux ce type d’outils, ils sont
invités à initier les profils plus senior sachant que la moyenne d’âge chez Axa
s’élève à 48 ans dans l'Hexagone. Son patron, Henri de Castries, s’est lui
aussi prêté à ce jeu du « reverse monitoring ». « Quand j’ai voulu expliquer Tinder à mes enfants, ils se sont
bien moqués », a t-il confié à la remise de son prix.
« Nous
devons comprendre de quelles compétences nous aurons besoin dans 3, 5, 10 ans
et évaluer l’écart avec nos compétences actuelles »
a t-il poursuivi plus sérieusement. Car, pour le PDG d’Axa, si le numérique
change le modèle économique même de sa profession, il ne remplace pas l’humain.
« L’assurance reste un métier de
données et de proximité. » Et si le big data pourra prévenir des
catastrophes naturelles, l’agent général garde toute sa place dans des drames
comme celui vécu récemment sur la Côte d’Azur.
La
concurrence des « barbares » du web fait augmenter la qualité de
service
En un an, Engie (ex GDF Suez)
est, lui, passé de la cinquième à la seconde place. C’est Marc Florette, chief
digital officier de l’énergéticien, qui est monté sur scène. Un symbole.
Directement rattaché au PDG, Gérard Mestrallet, il occupe une fonction
véritable transverse. « J’interviens
aussi bien sur le volet RH de la transformation numérique que dans
l’exploitation de nos données », a t-il expliqué.
Et si Engie a multiplié les
initiatives pour constituer son écosystème et s’ouvrir aux startups –
Innovation Week, hackathons, fonds de 100 millions d’euros pour les prises de
participation -, le groupe n’en oublie pas ses forces vives. Ses collaborateurs
ont remonté ces derniers mois plus de 400 initiatives dans le digital.
Troisième du palmarès eCAC40, Jean-Laurent
Bonnafé, directeur général de BNP Paribas, a, lui, aussi, insisté sur la
complémentarité entre les nouvelles technologies et le rapport humain. « Le digital apporte une meilleure
connaissance du client, une véritable efficacité commerciale. Pour autant, il
ne s’oppose rien au contact physique, au face-à-face. »
Quant à l’arrivée de pure
payers du web – les fameuses fin tech - qui viennent déstabiliser les
institutions bancaires, il y voit plutôt une promesse d’une plus grande qualité
de service pour les clients. Selon lui, le big data pourrait notamment aider un
internaute à évaluer lui-même son « scoring » pour savoir s’il peut
ou non souscrire à tel crédit à la consommation.
On notera, enfin, l’existence
d’un autre baromètre pour
juger de la maturité des entreprises du CAC 40 au travers de l’expérience
client sur les différents canaux digitaux (web, applications, réseaux sociaux).
Dans ce récent classement proposé par le cabinet Kurt Salmon, le podium se
compose d’Airbus, Renault et Orange.
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